Cette nouvelle rubrique "Avis et critiques BD" se veut être le reflet des ressentis de l'équipe de LA NEUVIEME BD sur ses lectures.

Ce seront toujours des avis positifs afin de vous donner envie de découvrir des BD et non des critiques négatives, car ne pas aimer une BD est purement subjectif.

 

Partager nos coups de cœur, nos découvertes, nos lectures (et relectures) librement mais toujours avec le souci de donner envie.

Ces billets seront rédigés en toute indépendance et uniquement sur des coup de coeur

Vive la BD

"Druunan"

de Serpieri

Petite échappée transalpine.

 

Je profite de mes séjours chez nos cousins italiens  pour fureter et mettre la main sur les fumetti que nous ne trouverons pas forcément en France. 

 

Dans l’autre pays de la BD , les éditeurs sont plutôt dynamiques et multiplient les publications (Bao, Bonelli, Cosmo, etc.). 

 

Tex, Dylan Dog, Zagor sont parmi les incontournables de ces séries petits formats- petits prix ; tout comme les Spéciale Storie ou Grandi Maestri qui ouvrent les catalogues des plus grands noms du 9ème art italien (Toppi, Battaglia, Serpieri, Bevilacqua) pour des rééditions plus qu’abordables.

 

Aujourd’hui, Druuna de Serpieri classique du fantastique érotique parue en France dans les 80´s dans Pilote.

 

Dans Anima, nous retrouvons la voluptueuse héroïne d’un univers post apocalyptique confrontée à des créatures que Rydley Scott ne renierait pas, évoluant dans des paysages qui auraient pu inspirer James Cameron pour Avatar, rencontrant un peuple de créatures humanoïdes inquiétantes prêtes à la sacrifier à une Venus de la fertilité tout cela pour une ultime mise en abyme pied de nez. Le dessin est sublime pour les amateurs et souffre largement le petit format de l’édition. Détail essentiel : histoire sans texte, ne pas maîtriser la langue de Dante n’est donc pas pour ce chapitre un obstacle.

 

L’histoire suivante est la conclusion du cycle sortie en France sous le titre Clone. On y retrouve l’univers scénaristique d’un Serpieri qui se laisse aller à ses délires et digressions mélangeant genres et invraisemblances et qui peuvent perdre le lecteur; mais le plaisir des yeux par le soin du détail des dessins, de la mise en page compense largement.

 

Voici donc l’occasion pour (re)découvrir le maître Serpieri à moindre frais si vous vous trouvez un en Italie.

Ne passez pas à côté des très belles rééditions chez Mosquito des plus « classiques » westerns du maestro.

 

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD
(août 2019)                

 

"Premier de cordée"

de Pierre Emmanuel Dequest

3ème album de la sélection coup de bulles 2019 pour le salon de Verneuil, cette adaptation du roman de Frison Roche signée du duo Vivier/Dequest est le premier volume d’un triptyque qui rend hommage à l’œuvre du romancier et qui est préfacé par la fille de R. Frison-Roche.

 

Pour ramener à bon port le corps de son père, foudroyé en pleine ascension, Pierre est prêt à braver tous les dangers. A Chamonix, les guides se mobilisent: Servettaz était le meilleur d'entre eux. La montagne est une redoutable tueuse, elle sélectionne impitoyablement ses victimes. Celles-ci le savent bien qui la consomment comme une drogue et la portent dans leur sang. Une histoire de passion, au courage et à la solidarité des hommes.

 

Ce n’est pas la seule contribution des deux auteurs au catalogue de Artege éditions. La ligne éditoriale affirmée de cette  maison se ressent notamment dans le trait réaliste et les couleurs de Pierre-Emmanuel Dequest. Les illustrations paysagères sont de véritables tableaux aux couleurs et tonalités justes et rendent hommage à la Montagne. En revanche cela prend moins pour les personnages qui, dessinés avec finesse, sont peut-être trop figés. Alors que le récit aventureux expose les sentiments contradictoires de George et de Pierre qui ont à relever le défi d’affronter la Montagne ; les cases, peut-être trop « classiques », peinent à restituer les multiples périls que les mots de R. Frison Roche sublimaient.

 

Là est pour moi certainement la difficulté : ne pas parvenir à se détacher du roman. Dans une précédente chronique, je disais mes réticences sur ces adaptations en album BD dont le format souvent ne permet pas toujours de restituer le souffle romanesque.

 

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD
(juillet 2019)                

 

"L'Invasion des imbéciles"

de Tiphaine Rivère

L'Invasion des imbéciles

Tiphaine Rivière

 

Qu’est-ce que la bêtise ? Nos plus grands chercheurs en sciences molles sont morts d’épuisement sans avoir réussi à cerner les mécanismes de ce redoutable virus.

 

Yvonne Letigre, 107 ans, relève le défi malgré elle et se retrouve entraînée dans un road trip insolite, avec pour coéquipière une extraterrestre terrifiée à l’idée de voir son propre espace-temps contaminé.

 

Leur enquête auprès des habitants d’un village paisible, véritable foyer d’épidémie, pourrait bien faire basculer le destin de l’humanité tout entière…

 

Nouvelle chronique de la sélection coup de bulles salon 2019 avec ce premier volume d’une série qui doit en comporter trois, Tiphaine Rivière (Carnets de thèse) nous emmène dans un univers mêlant l’humour, l’autodérision mais aussi l’érudition.

 

Yvonne et Opiou l’alien partent donc sur Terre en expédition pour mener une enquête épidémiologique sur la bêtise fléau universel (mais dont le foyer est un petit village breton administré par le fils d’Yvonne).

 

Tiphaine Rivière ne fait pas qu’enfoncer des portes ouvertes en identifiant 12 formes du virus : chacun s’y retrouve... « à chaque fois qu’il y a une forme d’intelligence, il y a sa forme de bêtise accolée. » Certains pourront être déroutés par le dessin (T. Rivière admet elle-même que cela ne va pas de soi) et notamment par l’alternance des pages aux accents « shadockiens » présentant le monde extra-terrestre et les planches plus classiques dévoilant Kerdraon qui m’évoquent Sempé.

 

Les amateurs apprécieront les observations critiques de nos contemporains, d’autres seront sans doute frustrés par la chute de ce 1er volume qui paraît précipitée.

Dans tous les cas, cette invasion là ne laissera pas indifférent.

 

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD
(juillet 2019)                

 

"Oliver & Peter - La Mère de tous les maux"

de Cinzia Di Felice

Twist & Pan : quand Oliver aide Peter à retrouver Wendy...


 

Deuxième étoile à droite , et tout droit jusqu’au matin ! Encore une version de Peter Pan me direz-vous ? Pas vraiment ! 

 

« C’est avec les femmes de mauvais vie que j’ai essayé de rejouer à notre petit jeu, Wendy, celui où vous étiez la mère de tous les pirates de Neverland. Mais elles sentaient le pavé et le suif, elles suintaient le gin et la misère ! Je crois que cela m’a mis en colère... » Le ton est donné !...

Ce premier volume d’une série qui en compte trois, commis par le trio Pelaez-di Felice-Daniel, paru en 2016 (déjà) propose une revisite de classiques de la littérature britannique par la rencontre rendue probable d’Oliver Twist et de Peter Pan dans le Londres victorien.

 

Après quelques pages aux dessins soignés presque trop propres, le scénario s’accélère et s’affranchit de l’histoire que chacun connaît (celle de Peter Pan bien sûr). Et c’est plutôt heureux ! Je craignais un album bien léché voire académique et c’est un premier volume qui ne tarde pas trop dans l’exposition, rentre rapidement dans le vif du sujet et arrive à surprendre par les trouvailles narratives de Philippe Pelaez ( ainsi de la présence de la machine à explorer le temps,mais je n’en écrit pas davantage) et le dessin de Cinzia de Felice (faussement naïf même si précision du trait et intensité des couleurs servent une intrigue dans laquelle les enfants sont les héros) sublimé par la mise en couleur directe de Florent Daniel.

 

Le succès du financement participatif témoigne combien l’histoire a su séduire les amateurs. 

 

Sélection du coup de bulles 2019, pour le salon de Verneuil, je parierai pour au moins un accessit au palmarès des lecteurs. 

 

A découvrir donc !!

 

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD
(juillet 2019)                

 

"Maria et Salazar"

de Robin Walter

Découvert à Blois en 2015 quand sortit l’intégrale de KZ Dora, récit graphique inspiré de l’histoire de son grand-père interné au camp de travail industriel de Dora entre 1943 et 1945, Robin a accepté notre invitation à participer au salon de Verneuil en novembre dernier.

 

Sélectionné parmi les 7 volumes du coup de bulles 2019, Maria et Salazar nous propose un nouveau témoignage qui raconte l’Histoire.

 

Alors que les parents de Robin Walter revendent leur maison familiale de Champigny-sur-Marne, vient le moment pour tous de dire au revoir à Maria, leur femme de ménage et bien plus depuis plus de trente ans. Que va-t-elle faire, elle qui est venue du Portugal avec son mari comme des milliers de ses compatriotes, quelques décennies auparavant, fuyant ainsi la dictature de Salazar ?

Au travers de leurs souvenirs, le récit dépeint ce que fut la plus longue dictature de l'histoire moderne de l'Europe occidentale et l'immigration portugaise de masse qui en a découlé.

 

Plus qu’une BD documentaire, Robin Walter brosse le portrait intimiste et personnel de Maria (et au-delà de toute une génération de Portugais installés en France dans les années soixante) et de sa propre famille, par le biais de ce récit autobiographique. Mêlant souvenirs personnels et rappels historiques sur la dictature salazariste (l’Estado Novo) et l’immigration portugaise (plus de 600 000 s’installent en France entre 1960 et 1970), R. Walter met en scène sa propre démarche dans la construction de cet album. Une manière de rendre hommage à ces femmes et ces hommes qui ont eu le courage discret de tout quitter pour une vie meilleure (Manuel part alors que Maria est enceinte, il voit pour la 1ère fois son 1er enfant alors qu’il a 9 mois). Une manière aussi de populariser l’histoire méconnue de la plus logue dictature européenne de l’époque contemporaine.

 

Le dessin, réaliste,  aux tonalités tout en douceur par ses nuances de gris, colle à une mise en planches qui alterne l’enquête sur l’Histoire contemporaine du Portugal et ambiances plus personnelles et émouvantes. Je craignais d’avoir à lire un album purement historique, R. Walter a su habilement construire son scénario pour nous embarquer dans SON histoire.

 

Pour un autre aperçu de la période Salazar au Portugal, je vous signale, si vous ne les connaissez déjà, deux albums adaptés du roman d’Antonio Tabucchi Pereira prétend (que Robin cite dans son Maria et Salazar). Le 1er , chez Sarbacane par P.H. Gomont, le 2nd   chez Tunue (éditeur italien) dessiné par M. D’Aponte et scénarisé par M. Magliani (que j’ai préféré graphiquement).

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD
(juillet 2019)                

 

"Morocco Jazz"

de Julie Ricossé (Dessin, scénario, couleur)

Morocco Jazz, Julie Ricossé, Vent d’Ouest, 2017.

 

Sélectionné pour le prochain coup de bulles de notre salon de la BD (16/17 novembre à Verneuil [78]), nous avions découvert Julie Ricossé lors de l’édition 2018. Coup de cœur de LA NEUVIEME BD, nous lui avons proposé d’être la marraine du Salon 2019. Ce qu’elle a accepté pour notre plus grande satisfaction.

 

Illustratrice et auteure de BD de talent au trait fin et élégant, Julie signe avec Morocco Jazz une histoire inédite plongeant dans les souvenirs d’une vieille dame fatiguée.                                                                         

 

1996, Louise perd un peu la tête. Elle reçoit du Maroc un colis, les souvenirs enfouis depuis 50 ans la submergent.

 

1954, Casablanca. C’est l’histoire de trois amies Louise, Camille et Sybil. Belles, jeunes, insouciantes alors que le monde, leur monde est sur le point de disparaître. Le Maroc est alors le théâtre de la montée des indépendantismes, les tensions s’exacerbent entre Européens et Marocains, les attentats se multiplient auxquels la répression répond : l’intransigeance est dans chaque camp.

 

Pourtant Camille, Louise et Sybil veulent continuer de profiter, de vivre même si derrière cette apparente joie de vivre, souffrances, doutes, peurs les rapprochent, les opposent : Louise chante le jazz et s’abandonne dans les bras d’Henri jeune brigadier de police ; Sybil, mariée à un jeune et brillant avocat marocain, est enceinte ; Camille entend rendre justice à son père Marcel  absent car en cavale.

 

Morocco Jazz propose un récit rythmé et on se laisse embarqués. Le trait léger, les couleurs aquarelles  douces et gaies contrastent parfois avec la dureté de l’Histoire : le cadre idyllique de la ville blanche est le théâtre d’une (le bain de minuit brutalement interrompu par exemple).                                                                                                                                                                                

 

Avec son roman graphique à la fois historique et récit initiatique, Julie réussit un triple portrait touchant tout en proposant de nous replonger dans l’histoire du passé colonial de la France.       

 

A découvrir ! ............................................

 

Billet rédigé par Eric, membre de LA NEUVIEME BD 

(juillet 2019)                                       

 

"Ajin"

de Gamon Sakurai et Tsuina Miura

 

Voilà un coup de cœur qui n’est pas dû au seul fait que Cyrille soit parrain de LA NEUVIEME BD.

 

Ajin, semi-humain, un être vivant immortel. Série seinen manga de GamonSakurai qui en est à son treizième volume pour l’édition française. Son succès planétaire n’est plus à démontrer mais la série permet la première chronique manga de la 9ème !!

Oui, je sais « le manga pour jeune homme » c’est théoriquement pas fait pour moi (« mais il arrive cependant que le genre soit destiné à des personnes plus âgées » dixitwikipédia !!!). Mais voilà, ça fait trois ans que je suis tombé dedans. Autant dire qu’Ajin est addictif.

Alors Ajin, semi-humain, c’est quoi ?

Le personnage central, Kei Nagai, 17 ans, découvre qu’il est immortel et donc qu’il est un Ajin, sa vraie nature. Or, les Ajin sont activement recherchés par les services secrets, les militaires qui multiplient les expériences et sont prêts à tout pour percer leurs mystères et les éradiquer, sans remords. Tosaki, difficile à cerner tant son caractère évolue au fil de volumes, est à la tête de cette chasse aux Ajin.

Chassés, traqués impitoyablement, les Ajinpour autant s’organisent et décident, pour les plus radicaux, de contre-attaquer. Kei est donc tout naturellement contacter par Sato, le leader énigmatique des Ajin qui progressivement dévoile son plan : détruire le genre humain et s’emparer du pouvoir, usant de moyens tout aussi radicaux et violents contre les hommes.

Assez logiquement, les divisions internes gagnent les deux camps et ajoutent aux rebondissements qu’impose le scénario à chaque dossier (le seinen est rythmé en dossiers).

La mise en page dynamique, énergique, le dessin soigné de Sakurai et de ses assistants (de la planche la plus complexe à la plus épurée), le cadrage de certains plans, les audaces et inventions narratives renversantes ; tout est en place pour vous rendre addict et vous frustrer jusqu’au prochain tome. Au fil des pages, on en vient quasi naturellement à imaginer la transposition 7ème Art de cette mine, ce qui est fait dès 2017.

Pour autant, ce seinenn’est pas un simple story-board comme certains pourraient le regretter. Ajin s’affirme comme une vraie réussite graphique, scénaristique et les mises en pages bluffantes. Impossible de s’ennuyer.

Enfin, s’il est catégoriéseinen ne nous y trompons pas ! la violence et les séquences d’actions sont omniprésentes et comme dirait l’autre « âmes sensibles [pourraient] s’abstenir ». Voire ! avecAjin, Sakurai exprime et expose aussiles différentes dérives d’une société dans ce qu’elle a de plus excluant, suspicieuse et compromise.

En effet, l’Ajin, c’est l’autre, le monstre, celui qui révèle sa propre monstruosité à une humanité qui réagit par peur, par crainte, par méconnaissance du barbare mais aussi par calculs politiques, mensonges et compromissions. En somme, le récit va bien au-delà du fantastique ce dernier ne devenant peut-être plus que prétexte ?...

Ajin série en cours (13 volumes sortis) chez Glénat.

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD

(juillet 2019)

"Le Fils de l'Ursari"

de Cyrille Pomès, Xavier-Laurent Petit et Isabelle Merlet

 

Voilà un coup de cœur qui n’est pas dû au seul fait que Cyrille soit parrain de LA NEUVIEME BD.

 

« Le Fils de l’Ursuli » est à classer au rayon BD qui vous touchent au cœur.

Cyrille, le dessinateur voyageur, le croqueur des simples gens et des laisser pour compte, met son talent au service du roman de Xavier-Laurent Petit.Une histoire qui colle à la réalité comme en a l’habitude Cyrille à travers ses publi-reportages pour Amnisty International ……en autre.

 

Cette histoire d’une famille montreur d’Ours d’Europe de l’Est jusqu’à ses dérives à Paris, est le reflet des migrants de nos jours. La poésie n’est pas absente, et les couleurs de Isabelle Merlet mettent en relief ce monde parrallèle de misère et d’injustice.

 

La magie de cette histoire, sans vous la raconter, gardons le mystère, est la magie de « Lusquembourg », ou comment une belle rencontre peut changer un destin de ce petit homme doué. Belle BD comme un conte à la tolérance et à l’écoute de l’autre, de celui qui vient de loin avec son lourd balluchon mais aussi avec son espoir naïf d’une vie meilleur bien loin de son ours fétiche.
 

Histoire d’hommes, histoires d’exploitation par des gens sans scrupules, histoires d‘une repression sans cesse recommencée. Débrouille et injustice en fil conducteur de ce road movie d’une famille soudée.

Au-delà d’une bonne leçon de vie, c’est une belle leçon d’espoir, comme Cyrille avec son humanisme chevillé au corps est capable de nous la porter jusqu’à notre concience

 

Cette BD jeunesse est à mettre entre toutes les mains, tant elle nous ouvre les yeux sur ce qu’est l’autre venu de loin, avec son cœur et ses passions. Ne jugeons pas l’étranger sur le fardeau de sa misère mais sur les valeurs qu’il transporte.

 

Du très grand Cyrille, dans un style adapté non habituel pour lui, surfant avec ses pinceaux sur le roman de Xavier-Laurent Petit.

 

A consommer et lire sans modération

 

 

Billet rédigé par Jak membre de LA NEUVIEME BD

(juillet 2019)

"Le Voyage de Marcel Grob"

de Philippe Collin et Sébastien Goethals

11 octobre 2009. Marcel Grob, un vieil homme de 83 ans, se retrouve devant un juge qui l’interroge sur sa vie. Et plus particulièrement sur le 28 juin 1944, jour où ce jeune Alsacien rejoint la Waffen SS et est intégré dans la 16e division Reichsführer, trois mois après le débarquement allié en Normandie. Marcel se rappelle avec émotion de ce jour fatidique où, comme 10 000 de ses camarades Alsaciens, il fût embrigadé de force dans la SS. Non, il n’était pas volontaire pour se battre mais il n’avait pas le choix, il était pris au piège. Mais pour le juge qui instruit son affaire, il va falloir convaincre le tribunal qu’il n’a pas été un criminel nazi. Alors, Marcel Grob va devoir se replonger dans ses douloureux souvenirs, ceux d’un « malgré nous », enrôlé en 1944, forcé d’aller combattre en Italie, au sein d’une des plus sinistres division SS. Un voyage qui l’amènera à Marzabotto, au bout de l’enfer…

C’est à l’automne dernier que j’entends pour la 1ère fois parler du « Voyage de Marcel Grob ». Cette 1ère rencontre, c’est à la radio que je l’ai eue. Alors que le scénariste, Philippe Collin, se prêtait au jeu de l’interview, je suis resté accroché : la présentation de son travail, en duo avec le dessinateur Sébastien Goethals, m’avait saisi.

 

Récit réparateur d’une histoire familiale, intime qui n’aura pas trouvé la fin souhaitée par l’arrière petit-neveu, de celle qui aurait permis enfin de se réconcilier. Car Philippe Collin, découvrant le passé accablant de son arrière grand-oncle à vingt ans, ne put jamais vraiment comprendre son refus de s’exprimer sur son engagement dans la Waffen SS. A vingt ans, on a des certitudes … La disparition de son presque grand-père, sa curiosité historique vont le pousser au final à chercher, à creuser le dossier.

 

Ainsi, presque 10 ans après la disparition de Marcel, le duo Colin/Goethals nous propose une immersion, mêlant reconstitution et invention, nous invitant à réfléchir, sans dédouaner, sur le parcours hors-norme d’un jeune de 18 ans embarqué par le tourbillon de l’Histoire. Il ne s’agit plus de rendre un verdict, coupable ou non de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mais davantage de se poser encore la question de la mémoire réparatrice. Le dossier historique de Christian Ingrao permet à chacun de re-contextualiser.

 

Si le scénario embarque, le dessin de Sébastien Goethals peut parfois dérouter. Certains personnages ne sont pas toujours reconnaissables d’une planche à l’autre ; les changements de bichromies sépias ne s’expliquent pas, si ce n’est à coller au récit. En revanche le découpage des cases est plutôt dynamique et soutient la narration.

 

En résumé, le thème accroche, le dessin séduira les amateurs, et le parti pris scénaristique engagera les plus curieux à creuser le sujet en consultant les ouvrages de référence en la matière. Car il s’agit bien d’un roman graphique qui laisse à chacun la liberté de s’interroger si Marcel aurait pu faire autrement, comme le souligne P. Collin.

 

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD

(juin 2019)

"Nymphéas noirs"

de Fred Duval, Didier Cassegrain d'après Michel Bussi 

La jeune fille était en noir.

Dans le village de Giverny, où Claude Monet peint quelques-unes de ses plus belles toiles, la quiétude est brusquement troublée par un meurtre inexpliqué. Tandis qu'un enquêteur est envoyé sur place pour résoudre l'affaire, trois femmes croisent son parcours. Mais qui, de la fillette passionnée de peinture, de la séduisante institutrice ou de la vieille dame calfeutrée chez elle pour espionner ses voisins, en sait le plus sur ce crime ? D'autant qu'une rumeur court selon laquelle des tableaux d'une immense valeur, au nombre desquels les fameux Nymphéas noirs, auraient été dérobés ou bien perdus.

Bon, autant le dire de suite. Premièrement, je ne connaissais pas le roman de Michel Bussi (disons que je ne lis pas Michel Bussi, un a priori sans nul doute …). Deuxièmement, je ne suis pas trop fan des adaptations de romans en BD (mais je reconnais que certaines sont réussies).

Il n’empêche, au bout des 140 pages je ne suis pas déçu, loin de là.

Fred Duval, au scénario, nous livre un récit rythmé et captivant ; Didier Cassegrain, au dessin, propose une palette de planches jouant sur les ambiances et les tonalités, bien sûr au service de ce polar psychologique sombre. C’est léché et d’une unité esthétique efficace, et les connaisseurs et amateurs de Giverny et des jardins de Monet seront servis par les détails évocateurs.

Enfin, le final (que je ne dévoilerai pas) est une réussite car le récit nous aura embarqué sans rien voir venir ! Et tout prend son sens dans le choix des couleurs, du trait, des dialogues ; et nous fait revenir sur certaines planches pour faire la lumière.

Donc une adaptation réussie et une réussite pour la BD qui,néanmoins, ne m’encourage pas davantage à lire M. Bussi (désolé pour ses fans !).

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD

(juin 2019)

"Luminary"

de Luc Brunschwig et Stéphane Perger

Dans la lumière de Photonik ou quand Darby reprend l’héritage de Taddeus

 

Pitsboro, sud des États-Unis, juillet 1977. Une journée d'été pas tout à fait comme les autres. Les infos annoncent un pic de chaleur jamais atteint depuis plus de trente ans. Billy, jeune employé noir d'un cirque, assiste une tigresse de la troupe mettant bas. Tout le monde assiste, ébahi, au don qui lui permet de maîtriser la bête sauvage. 

De l'autre côté du pays, à New-York, une gigantesque explosion de lumière survient au cœur de la ville. Tout dans un rayon de plusieurs centaines de mètres a été littéralement anéanti. Tout, sauf un homme, indemne, au milieu des décombres. 

Cet homme, c'est Darby McKinley, admis quelques semaines plus tôt à la clinique d'où provient l'épicentre de l'explosion. Ce serait donc lui l'origine du phénomène. Reste à savoir d'où lui vient ce pouvoir. Et ce qu'il compte en faire...

Ce premier volume d’exposition , hommage assumé (cf. la postface) au héros de Ciro Tota, nous met dans le rythme immédiatement : flash-backs et alternance des récits plantent le décor. Le scénario de Luc brunschwig est largement servi par la maîtrise des couleurs et des ambiances du compère Stéphane Perger (certaines cases ne sont pas sans rappeler les Twins towers déchiquetées, par exemple). 

A n’en pas douter, ce trio de super héros presque ordinaires revisité va en séduire plus d’un.

 

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD

(juin 2019)

"L'Arbre de mon Père"

de Emilie SAITAS

Émilie fut une belle rencontre due au hasard à Angoulême en janvier 2019. Je fus attiré pas la douceur de ses dessins, uniquement du crayonné en style un peu naïf mais oh combien délicat. Cette douceur des traits et des couleurs est en parfaite harmonie avec la personnalité qu’est Émilie.

À travers « L’arbre de mon père » elle nous raconte l’histoire de sa famille et surtout de ses grands-parents, ballotés entre Égypte et Grèce. C’est avec beaucoup de pudeur qu’Émilie nous raconte cette saga familiale faite de souvenirs d’enfance. On ressent la réalité de cette époque avec ses drames et ses joies. Famille issue de la communauté des grecs vivant en Égypte (Egyptiotes) où la vie a comme trame le déroulé de la grande histoire, post deuxième guerre mondiale, qui agita cette partie du monde au temps de Nasser.

Histoire personnelle et histoire avec un grand « H » s’entremêlent pour nous délivrer un récit tout en pudeur et délicatesse porté par des dessins d’une incroyable beauté à l’esthétique faussement enfantin.

Magnifique
Gros coup de cœur personnel

 

Billet rédigé par Jak membre de LA NEUVIEME BD

(juin 2019)

"Retour à la Terre"

de Jean-Yves FERRI et Manu LARCENET

Manu, lui pas l’autre !

 

Ça y est je nous lance. L’idée ? Partager nos coups de cœur, nos découvertes, nos lectures ( et relectures) librement mais toujours avec le souci de donner envie.

Alors là, je profite d’avoir repris l’intégrale du « retour à la terre ». Le sixième vient de sortir 10 ans après... et c’est toujours le même bonheur de retrouver Manu, Mariette, Capucine, Speed, la Mortemont, M. Loupiot, l’ermite et toute les Ravenelles.

Alors l’histoire vous connaissez ! C’est surtout pas autobiographique, c’est même plutôt l’inverse car Manu Larssinet c’est pas Larcenet et inversement.

Rien n’a vraiment changé aux Ravenelles sauf que Mariette en est au 7ème mois, que Manu achève « Plast », que. Mais stop là !

Le duo Ferri Larcenet fait mouche entre absurde et mauvaise foi, mises en abîmes, tranches de vie quotidienne et réflexion plus tendre sur la paternité, en strips de six cases maxi.

Tu ris seul et ta voisine ne comprend pas bien ...

Je ne m’en lasse pas. Comme une évidence, ne pas attendre de nouveau 10 ans pour la prochaine livraison. Et faire connaissance avec Merlin.

Billet rédigé par Eric membre de LA NEUVIEME BD

(mai 2019)